La rentrée littéraire de 2007 est riche. Les pages
ou journaux spécialisés en témoignent.
Quelle place la critique
accordera-t'elle à Magyd Cherfi pour son recueil de récits "La
trempe" (ed. Actes Sud, 15 euros) .
Français, Arabe, Magyd Cherfi?
Toulousain en tous cas, et avec pour patrie la littérature. Son deuxième livre
confirme son talent de plume, singulier, tendre, passionné ou âpre, brutal
parfois dans quelques phrases saccadées, comme inachevées. La musique personnelle
est là, les émotions aussi, les rages et les tendresses, pour dire une
condition. Pas à la manière: je vais vous raconter la vie des Cités, et ça va
bien se vendre, avec un petit langage bas de gamme, pas en culpabilisant, mais en nous offrant ce que nous ne sommes
pas sûrs de mériter: un voyage authentique dans des intimités.
Car on en en sort plus intelligent: on
sait un peu mieux ces enfants grandis à la fois à côté et au cœur de notre
république, et qui veulent aussi y conquérir leur place, sans vendre leur âme, par leurs savoirs, le savoir, leurs richesses propres et foisonnantes,
leurs identités:"le propre de l'identité n'est-il pas le mouvement
lui-même?".
Le talent c'est sûrement le meilleur
outil pour partager, en cela fond et forme se retrouvent. Mère, père, frères,
copains, voisins, tous nous
accompagnent avec leurs vies et la vie de la Cité, de la famille ou de la
scène, collectifs de rêves échoués, de croyances brisées, sur l'Arabe en soi et
sur soi, fait du regard des autres, et auquel on n'échappe pas.
Le dernier chapitre est résolument
politique: Magyd C. revendique l'authenticité, et les démarches des politiques
qui lavent plus blanc, qu'ils soient Azouz ou Rachida, sont déniées. Là aussi
ils ne triche pas, il s'affirme socialiste: "On pourra toujours dire de la
gauche tout ce qu'on veut, pour moi fils d'immigré, elle reste la tentative
solidaire, la conscience décolonisatrice, la récurrence égalitariste…Elle
s'accroche d'un bras à sa lune prolétariste et se démet l'autre épaule à
essayer d'apprivoiser l'économie de marché. Elle me déprime souvent mais elle
m'émeut, c'est déjà ça qui sort du cœur…".
On aimerait lui dire "mon
frère", pour faire partie de sa famille -et pas l'inverse seulement-, et
dire à quel point grâce à lui le métissage est une richesse, "une chance,
une évidence, , une supériorité de la condition humaine, comme une élévation
fraternelle et intellectuelle…".
MJCC.
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