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GRANDES VILLES ET METROPOLES

Avec l'autorisation des Cafés géographiques (http://www.cafe-geo.net/), nous continuons la publication des interventions des différents spécialistes.

Tous les 15 du mois, nous publierons ces interventions. Elles sont parfois ancienne (2000) mais elle reste d'actualité tant il est vrai que les intervenants sont de qualité.

Aujourd'hui le Café-géo du 29/11/2000      

       Notre vocabulaire témoigne de l'intérêt ancien porté aux grandes villes du monde : les médias se sont emparés des mégalo-poles, méga-cities et aires métro-politaines (-polisées), maintes fois décrites. On annonçait pour l'an 2000 30 Millions d'habitants à Mexico, décrétée première agglomération du monde, alors que la région urbaine de Mexico n'atteint "que" 17 Millions, au quatrième rang.

       Géopolis, base de données et observatoire des agglomérations de plus de 1 M d'habitants, procède à leur analyse statistique, délicate à mener compte tenu de l'hétérogénéité des limites administratives et de la fiabilité de certaines données. Sauf cas particuliers de villes du Tiers Monde, la croissance démographique des grandes villes tend à ralentir durant la dernière décennie, voire à reculer, notamment dans les pays industriels (Londres).

       Le processus de métropolisation est aussi d'ordre économique : un débat s'est instauré entre économistes quant à la productivité supérieure des grandes villes. D'autres distinguent les villes globales, où priment les services financiers et immatériels de haut niveau. Parmi les villes des P.V.D., comment fonctionne un système économique où s'articulent économies formelle et informelle ?

       Les structures sociales de ces villes sont souvent qualifiées, de manière simplificatrice, de duales. Leur réalité sociale varie énormément selon leur taille et surtout leur implantation géographique, et renvoie à bien d'autres éléments d'analyse : rapports sociaux locaux, système migratoire, cosmopolitisme, minorités et structures communautaires, marché du travail et du logement, types d'habitat (des bidonvilles aux gated communities), équipements et structures d'accueil, conflits sociaux, place et rôle des couches moyennes…

       Dans un système de plus en plus libéralisé, comment s'organise la gestion politico-administrative de ces villes ? Conflits institutionnels, capacité financière, systèmes de transports, questions relatives à l'environnement…

       L'espace urbanisé (hommes, activités, habitat, équipements) est de plus en plus étalé. Comment s'organisent et se recomposent les territoires urbains, les paysages, les centres des villes, les fronts de mer ou de fleuve, les banlieues anciennes ou nouvelles, les éventuelles edge cities ?

       A partir d'une présentation générale, plusieurs auteurs d'un livre à paraître aux Presses Universitaires du Mirail répondront à vos questions sur les villes où ils ont mené des recherches : Mexico, Los Angeles, Buenos Aires, Moscou, Berlin, Shanghai, Santiago du Chili, Barcelone, Montréal, Toronto, etc.

Guy JALABERT

Comment peut-on être anticapitaliste ?

Revue du MAUSS semestrielle n° 9, 1er semestre 1997, 336 p., 175 F, 26,68 euros

Comment peut-on être anticapitaliste ? La question doit être entendue en un double sens. Et d’abord en écho au célèbre Comment peut-on être persan ? de Montesquieu : depuis l’effondrement du « socialisme réel », le triomphe planétaire de l’économie capitaliste est devenu si absolu que ceux qui trouvent à y redire font figure de fossiles d’une époque révolue, au moins aussi étranges et déplacés qu’un Persan pour un Européen du XVIe siècle.

Et, pourtant, il n’est guère douteux qu’il faille s’opposer activement à un capitalisme de plus en plus déchaîné, qui, laissé à lui-même, détruit progressivement les équilibres politiques, les cultures, et engendre des inégalités et des haines explosives entre les hommes.

Mais comment s’opposer de manière effective, et pas seulement dans une radicalité imaginaire, à ce déferlement ?

Voilà le second sens de la question. La réponse doit partir du constat des impasses de l’anticapitalisme passé, qui inspire encore largement ce qui subsiste des discours de la gauche héritée. En changeant d’échelle, le capitalisme a changé de nature : bloc compact et indissociable, désormais mondialisé, il est devenu un mégacapitalisme, parfaitement insensible aux attaques effectuées sur une base nationale.

Par ailleurs, la perspective d’une abolition du règne de la marchandise a fait la preuve de son inanité. Et, enfin, nul ne saurait prétendre s’extraire du mouvement actuel de la mondialisation, en tant que tel souhaitable, sous prétexte que le capitalisme en est le premier vecteur.

Face à ces questions redoutables et urgentes, ce numéro de La Revue du MAUSS semestrielle tente une appréciation lucide de la forme actuelle du capitalisme et explore les voies d’un anticapitalisme qui se tienne à égale distance des sirènes de l’ultralibéralisme et des dénégations incantatoires de la réalité marchande.

Ce faisant, c’est à l’éclosion d’une gauche nouvelle — d’un anticapitalisme pratique — qu’il entend contribuer.

AVEC DES CONTRIBUTIONS DE : Jean Baechler Gerald Berthoud, Robert Boyer, Alain Caillé, Michel Callon, Pascal Combemale, Henri Denis, Ivaylo Ditchev, Denis Duclos, Jean-Pierre Durand, Bernard Eme, François Fourquet, Jacques T Godbout, Serge Latouche, Bruno Latour, Jean-Louis Laville, Pierre Leroux, Pierre Lévy, Jean-Claude Michéa, Arthur Mitzman, Frederik Mispelblom, François Morin, Bruno Viard, Immanuel Wallerstein.

Retrouver toute l'actualité de la revue MAUSS (Manifeste Anti Utilitarisme dans les Sciences Sociales), http://www.revuedumauss.com/

Que de livres, que de livres ...

Ombres Blanches, l'une des librairies préférées des toulousaines et des toulousains, consacre une page antérieure au recensement de la littérature pour ou contre le libéralisme (politique et économique). Un sujet d'une brulante actualité. Le libéralisme en question

En France peut-être plus que sous toute autre latitude, la résistance au (néo-)libéralisme est vive : elle est une composante de notre paysage intellectuel et politique, et explique sans doute pour partie le rejet récent de la constitution européenne. Le temps des vacances étant souvent celui des prises de recul, des approfondissements ou des mises en perspectives, nous n’hésitons pas à vous conseiller ici quelques titres politiques en plein mois d’août (!) pour éclairer cette question controversée des libertés en économie ou en philosophie politique : textes des pères fondateurs du libéralisme (de Bentham à Tocqueville) ; quelques livres de synthèses (Manent, Foucault). Enfin parole est donnée aux partisans (Aron, Hayek) ou aux adversaires (Walzer, Wallerstein). Sans aucune volonté d’exhaustivité, bien sûr, le sujet méritant davantage un dossier bibliographique étoffé qu’une simple sélection de "vacances"... Pour retrouver la liste d'OMBRES BLANCHES, il suffit de cliquer sur : http://www.ombres-blanches.fr/pub/livres/selection.php?id_rubrique=1621

Les quartiers dits "sensibles"

Avec l'autorisation des Cafés géographiques (http://www.cafe-geo.net/), nous commençons la publication des interventions des différents spécialistes.

Tous les 15 du mois, nous publierons ces interventions. Elles sont parfois ancienne (2000) mais elle reste d'actualité tant il est vrai que les intervenants sont de qualité.

En marge de la ville, au cœur de la société :

CES QUARTIERS DONT ON PARLE

2 février 2000

Débat introduit et animé par

Louis CANIZARES (Architecte-Urbaniste) et

Marie Christine JAILLET (Géographe, C.N.R.S.)

LES QUARTIERS D'HABITAT SOCIAL PERIPHERIQUES

       Aucun autre lieu dans la ville que les quartiers d'habitat social de la périphérie n'a suscité autant d'études, de reportages, de commentaires, de rumeurs… Les qualificatifs pour les désigner abondent : cités "dégradées", "défavorisées", "en crise", ghettoïsées", qui "implosent" ou "explosent". Chacun se sent autorisé à émettre un jugement ou son avis sur ce qui est supposé s'y passer. Cette attention même oblige à s'interroger sur ce flot de paroles, d'abord sur les raisons de son déversement, ensuite sur son contenu. Elle oblige également à questionner la réalité de ces lieux qui ont, dans les années 60, incarné le triomphe de la modernité, offrant aux salariés de l'époque des conditions de logement confortables.

       Ne sont-ils que des lieux de relégation, habités par des populations qui y sont comme "scotchées", ghettos plus ou moins avancés aux logements et conditions d'habiter disqualifiés par les nouveaux standards du "bien logé", dont le seul horizon serait la démolition ? Ou ne sont-ils pas aussi de nouveaux quartiers populaires, habités par des populations qui peinent à s'insérer dans la société française, mais à qui celle-ci ne cherche pas vraiment à faire une place ? Ne sont-ils pas aussi des lieux d'intervention de nouvelles cultures urbaines et de manifestations inédites de solidarité et de lutte ?

       A analyser comment s'est construite leur mauvaise notoriété, n'assument-ils pas une sorte de fonction "emblématique", incarnant les maux auxquels les sociétés contemporaines sont confrontées : chômage, pauvreté, insuffisances des institutions d'intégration, montée de la violence, des incivilités ou de l'insécurité, simplement parce qu'ils y seraient plus visibles ?

       Nous voudrions inviter à les regarder autrement, dans leur complexité, au-delà des effets de stigmatisation, y compris en s'interrogeant sur la qualité architecturale et urbanistique de leurs formes ; inviter également à déplacer le regard pour le porter vers les mécanismes qui, dans la ville, concourent à les produire : quartiers ou communes qui rejettent des populations, pauvres ou immigrées, avec lesquelles on ne veut pas cohabiter parce qu'elles sont supposées "déranger", c'est du moins ainsi que l'on se les représente sans le plus souvent les connaître. Face à de tels mécanismes de protection et de mise à distance, que peuvent faire les politiques publiques ?

Marie-Christine JAILLET

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