Dans la course au Capitole, les socialistes partent avec un blog d’avance : MonToulouse.fr. En 9 mois, Christophe Léguevaques en a fait un « laboratoire d’idées » dans lequel il invite le PS toulousain à piocher. Un galop d’essai aussi pour cet avocat spécialisé en droit des affaires, avant de sauter dans le grand bain électoral. Qui a dit le Howard Dean toulousain ?
Comment l’avocat que vous êtes s’est-il converti au « blogging » ?
Vous savez les avocats ne sont pas une espèce d’animal sentant le vieux papier et la poussière. Nous utilisons des ordinateurs, et nous surfons même sur Internet ! Et puis, l’activité NTIC constitue une activité juridique en soi avec ses règles et ses techniques qu’il faut connaître si l’on veut comprendre ses clients : pour rédiger un contrat ou défendre un Webmaster, mieux vaut savoir de quoi on parle. Comme je partage mon temps entre Toulouse et Paris, mon PC est mon bureau, donc je passe beaucoup de temps sur le Net. J’ai découvert le blog politique avec MonPuteaux.com [Hauts-de-Seine, depuis début 2004]. J’ai compris que cela pouvait être un outil moderne d’action politique : facile à utiliser, proposant une mémoire des événements, basé sur le principe du partage de la connaissance et permettant une vraie interaction entre le site et ses lecteurs.
En quoi consiste au juste votre « blog citoyen et politique » ?
C’est un blog ouvert sur la ville. Il ne s’agit pas simplement de mettre en ligne le site de l’association « Actions citoyennes à Toulouse », mais de créer un lien direct et permanent entre la ville et les citoyens. Ce blog est, comme tous les blogs, très subjectif. Il ne parle que de certains sujets. Nous ne sommes pas assez nombreux pour couvrir toute l’actualité toulousaine, nous essayons d’être un lien de dialogue, de rencontres, d’enquête. Une sorte d’agora virtuelle. Riche en informations vérifiées, base de connaissances, avec une impertinence et une liberté de ton que certains médias ne peuvent plus se permettre. Ensuite, le blog se veut un laboratoire d’idées pour la prochaine municipale. Cela fait maintenant 34 ans que la même équipe, de père en fils, de copains à copains, se partage le pouvoir sur cette ville. Il est temps que cela change. Il faut rendre la parole aux Toulousaines et aux Toulousains avec moins de communication et plus de démocratie participative.
Les élus locaux vous postent-ils des commentaires ? Au-delà, comment faites-vous connaître votre blog ?
A ma connaissance, un seul élu [Jean-Jacques Mirassou (PS), conseiller municipal à Toulouse et vice-président du conseil général] s’est risqué à un commentaire ironique. Je crois savoir que la mairie surveille le blog car certaines informations, notamment concernant le parking du Capitole et le casino, pourraient les gêner.
Prévoyez-vous d’élargir MonToulouse.fr à d’autres sensibilités associatives, syndicales et politiques ?
Pour sûr ! Pour éviter toute ambiguïté, tout le monde connaît mon engagement politique, cette transparence nécessaire permet d’éviter les suspicions. Je ne roule pour personne, si ce n’est pour Toulouse. Tous les sensibilités, toutes les organisations, associations syndicales politiques sont les bienvenues à condition qu’elles respectent un double objectif : vouloir changer la ville et respecter les valeurs de Liberté-Egalité-Fraternité. Ce blog se veut un lieu de dialogue pour échanger, partager, construire. Toulouse est à la croisée des chemins : elle doit décider si elle reste une ville de Province ou si elle devient une capitale européenne à visage humain. Mais pour cela, elle doit s’interroger, se remettre en cause, se critiquer, muer, se transformer, innover et inventer son avenir, et ne pas s’endormir sur les lauriers de l’A380 et du tout-aéronautique. On subit aujourd’hui des choix d’urbanisme, d’aménagement urbain qui date des années 70 et 80 et qui n’ont pas cicatrisé. Aujourd’hui, il s’agit de rêver la ville que nous voulons, non pas pour 2010, c’est demain, mais pour 2020. Il faut imaginer ce que sera le monde dans une économie où le pétrole devenu très cher aura des conséquences sur toute l’économie et les relations dans notre société. Nous allons passer d’une économie centralisée et hiérarchisée à une économie de réseau, où tout le monde sera à la fois producteur et consommateur. C’est une révolution qu’il faut anticiper aujourd’hui pour ne pas rater le train de l’Histoire .Quelles seront les conséquences de ces transformations fondamentales pour Toulouse, son économie, son environnement ? Des questions et des choix fondamentaux se dessinent. Il faut prendre le temps de dialoguer, de discuter, de négocier pour donner enfin la parole aux Toulousaines et aux Toulousains, et inventer demain.
Vous avez lancé un comité socialiste pour le oui, l’association « Actions citoyennes » et ce blog, n’êtes-vous pas tentés de vous lancer dans l’arène électorale ?
Je suis un citoyen engagé. Je défends mes idées. Je suis déjà dans l’arène politique. Si votre question consiste à savoir si je veux me présenter à des élections, la réponse est oui. Pas la peine de se cacher derrière son petit doigt ou de minauder. Mais entre le désir d’entrer dans l’arène électorale et la réalité, il faut respecter certaines règles élémentaires. Pour le moment, je me contente d’être utile, de contribuer au réveil de la Belle Endormie qu’est Toulouse. Après, on verra, et comme disait François Mitterrand : « Il faut donner du temps au temps ». Je ne fais pas de la politique pour être élu ou devenir un professionnel de la politique. J’en fais parce que je crois que chaque citoyen a le droit et le devoir de s’impliquer dans la vie de la cité pour faire respecter l’intérêt général. Si jamais, je suis élu un jour, je m’appliquerai cette règle démocratique qui existait à Athènes au Ve siècle avant Jésus-Christ : refus de tout cumul de mandat dans l’espace et dans le temps. Cela veut dire de ne pas exercer un même mandat plus de trois fois consécutives, et ne pas exercer deux mandats en même temps.
Réponses recueillies par C. Forestier
http://cedricforestier.over-blog.com/10-categorie-19786.html
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